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Marie Langer : les contradictions d’une psychanalyste du 20ème siècle.

Geneviève Morel

Dra Marie Langer. La de "maternidad y sexo"

Lorsque j’étais en train d’écrire mon exposé, j’ai zappé sur internet et regardé un film qui entrait justement dans le cadre de notre thème d’aujourd’hui. Il s’agit d’un film coréen de 1987, The Surrogate Woman d’Im Kwon-taek. On traduirait aujourd’hui par La mère porteuse. C’est un très beau film pour lequel l’actrice qui joue le rôle de la mère porteuse a reçu le prix d’interprétation à Venise cette année-là. L’histoire se passe au 19ème siècle, dans une famille d’aristocrates respectueux de leurs ancêtres et religieux (confucéens). La grand-mère paternelle exige que son fils ait un héritier mâle pour lui transmettre son héritage (Maupassant raconte une histoire un peu semblable dans sa nouvelle L’héritage de 1884). Or le couple est stérile (bien sûr à cause de la femme), la bru va donc proposer à son mari d’employer une mère porteuse à laquelle elle se substituera juste au moment de l’accouchement pour faire passer l’enfant pour le sien - une pratique semble-t-il répandue à l’époque pour n’avoir que des garçons (si la mère porteuse avait une fille, elle la gardait et l’élevait comme la sienne à la campagne. Il existait ainsi des villages entièrement féminins, habités uniquement par d’anciennes mères porteuses et leurs filles). On embauche donc une très belle jeune fille vierge, qui est justement l’une de ces filles « déchets » d’une ancienne mère porteuse rendue infirme à cause de mauvais traitements. L’héroïne est séquestrée pendant des mois dans une chambre secrète (elle a le droit de n’en sortir que la nuit) où elle va recevoir à certaines dates le maître de maison pour être fécondée. Les dates en question sont savamment calculées par des sorcières locales qui lui font subir des traitements barbares destinés à susciter le yin en elle. La jeune fille tombe amoureuse du maître qui, toujours attaché à sa femme et à sa religion, était au départ contre cette opération. Il semble assez séduit lui aussi mais il est complètement ligoté à la tradition et étroitement surveillé. Pendant tout le film, il ne lui adresse pas une seule parole, tout se passe en gestes, échanges de regards, scènes d’amour clandestines ou officielles. Le film finit aussi cruellement qu’il avait commencé : on arrache le nouveau né heureusement mâle à la jeune fille qu’on renvoie de force chez sa mère, désespérée, la nuit même de l’accouchement. Un an après, devenue mélancolique, elle se pend.

Ce film est sorti l’année de la mort de Marie Langer, 1987, à une époque où la question des mères porteuses agitait l’opinion publique notamment aux USA avec l’affaire dite « bébé M », du prénom de Melissa, née en 1986 :

la mère porteuse avait refusé de remettre l’enfant au couple commanditaire, bien que tout avait été établi par un contrat officiel qui la liait à ce couple, à l’initiative de cette conception par insémination avec le sperme du mari. Il s’en était ensuivi un débat et des changements légaux afin d’encadrer davantage la GPA aux USA. The Surrogate Woman est un film clairement militant, avant tout contre l’idéologie du garçon à tout prix dans la société coréenne et pour dénoncer la condition d’esclavage de la mère porteuse. Et en le voyant, je me disais que, sur bien des points, à écouter ce qui se dit ça et là en France, des pans entiers de notre société en sont toujours restés, en 2014, à la conception esclavagiste de la GPA, comme si on vivait toujours au 19ème siècle en Corée confucéenne et que la problématique de la procréation assistée n’avait pas changé.

Je n’ai rien trouvé sur cette question de la GPA dans ce que j’ai lu de Marie Langer mais j’ai mesuré son effort permanent et courageux pour être proche de l’évolution considérable de la condition féminine au 20ème siècle. Et cet effort m’a paru paradigmatique de la difficulté des psychanalystes à être de leur temps sans renier la psychanalyse. C’est pourquoi le meilleur hommage que je puisse lui rendre me semble être d’en donner la mesure en cernant les coordonnées de cet effort, soit les contradictions idéologiques entre lesquelles Maria Langer se débattait, comme psychanalyste, comme femme, comme communiste ou comme femme très engagée politiquement à gauche. A nous d’en tirer des enseignements pour nos combats actuels et futurs.

En ce qui concerne son insertion dans le mouvement psychanalytique, ML est entrée en lutte contre une psychanalyse qu’elle jugeait trop réactionnaire, au point d’avoir même quitté l’IPA en 1971 au congrès de Vienne (là-même où elle était née en 1910)[1], alors qu’elle avait pourtant fondé l’Association Psychanalytique Argentine (APA) en 1942 avec Angel Garma, Arnaldo Raskovsky, Enrique Pichon Riviere, Celes Cárcamo y Guillermo Ferrari Hardoy, et s’était consacrée étroitement au développement de cette institution pendant près de 30 ans. Avant de démissionner de l’APA, elle avait adhéré à une organisation internationale nommée Plataforma international, qui se proposait, dit-elle, « de questionner du dedans l’idéologie de la formation délivrée par l’IPA et les sociétés qui en dépendaient ». Elle s’était affiliée aussi à la FAP, une association psychiatrique de gauche qui souhaitait travailler à trois niveaux : organisationnel, scientifique et politique et qui, notamment, organisait des dispensaires avec des psychanalyses gratuites. Il semble que ces engagements institutionnels n’aient pas été bien acceptés par l’IPA, d’où sa démission. Dans un article de 1974[2], elle expose d’une façon explicite la contradiction qu’elle a vécue entre la psychanalyse et la politique. La neutralité analytique cache, selon elle, un soutien de la classe supérieure, à laquelle appartiennent de fait les analystes et leurs patients, à l’idéologie de l’État, relative notamment à la famille patriarcale, et une complicité avec le refoulement de la lutte des classes. Sur le plan même de la formation analytique, il lui semble absurde de définir qui est psychanalyste par son appartenance à une institution unique, l’IPA. Comment la psychanalyse pourrait-elle en ce cas être une science prétendant à une place universelle, si elle n’est définie que par la reconnaissance entre pairs, se demande-t-elle, à juste titre ? Dans cet article, elle revient sur sa référence théorique et clinique principale à Melanie Klein, dont on peut en effet lire la prééminence dans ses textes. MK lui a permis, dit-elle,  d’approfondir les fantasmes féminins spécifiques et l’idée de la castration féminine (pour MK, l’envie du pénis est défensive et secondaire à l’angoisse d’être détruite intérieurement par la mère frustrante qu’on a attaquée et haïe et de perdre ainsi tous ses organes). MK définissait ainsi une identité féminine que Freud aurait refusée aux femmes. Cependant, ML critique l’idéologie kleinienne sur deux points : d’une part, la pulsion de mort y est interprétée comme un péché originel dans l’individu ouvrant à toutes sortes de réparations et, d’autre part, l’attention portée au contretransfert par l’analyste le/la conduit à nier l’importance du contexte social dans lequel vivent ses patients. Je trouve ces deux critiques fortes et bienvenues. En effet, une conception réparatrice de la psychanalyse la rapproche fâcheusement d’un catéchisme amélioré et la manie de l’interprétation du contre-transfert, que Lacan a d’ailleurs défini comme la somme des préjugés de l’analyste, l’empêche d’écouter son patient car il n’entend plus que lui-même, dans un enfermement nombriliste.

Mais ce qui m’a alors étonnée, c’est à quel point cette réflexion si pertinente sur les difficultés de la psychanalyse était peu présente dans son ouvrage princeps des années 51, au point qu’on se demanderait presque s’il s’agit de la même personne qui écrit. Il y a là un problème sur lequel vous, qui la connaissez plus que moi, pourrez peut-être m’éclairer dans la discussion. ML semble en effet avoir considérablement changé de point de vue au début des années 70 : est-ce lié aux mouvement contestataire et féministe des années 60 et à la révolution familiale qui s’en est ensuivie dans les pays occidentaux ? Est-ce une prise de conscience liée à son départ de l’IPA ou à l’accentuation de son activité politique en Argentine ? En effet, il me semble que dans son ouvrage de 1951, intitulé Maternidad y sexualidad et traduit en français aux éditions des femmes sous le titre, d’ailleurs différent, de Procréation et sexualité, ses positions théoriques et cliniques restent largement en-deçà de ses critiques ultérieures.

Cet ouvrage, très influencé donc par les thèses kleiniennes, est en effet entièrement centré sur la maternité, et la femme n’y apparaît jamais que dans l’ombre de la mère, la sienne et elle-même comme mère potentielle. Ainsi, la thèse centrale de ML est que les symptômes hystériques de l’époque freudienne ont fait place, pour les femmes modernes qui ont acquis davantage de liberté sociale et sexuelle, à des problèmes liés à la procréation, et notamment à des problème psychosomatiques (p. 49). Les femmes modernes, frustrées dans leur désir inconscient d’être mère, produiraient dorénavant des symptômes liés à la procréation : refus de procréer, stérilité, troubles de la fécondation et de la grossesse, problèmes d’éducation graves avec leurs enfants. Ainsi, dit de façon surprenante ML, les femmes qui souffrent de tumeurs utérines seraient souvent des femmes qui arrivent à la ménopause sans avoir eu d’enfants. L’explication psychosomatique serait qu’elles remplissent leur utérus de tissus organiques en guise de substituts des enfants qu’elles n’ont pas eus, parce qu’elle veulent inconsciemment un enfant et sont des femmes frustrées de maternité (p. 57-58). L’hypothèse sous-jacente est évidemment qu’il existerait un instinct maternel incontournable, hypothèse vaguement discutée par ML mais rapidement acceptée, ce qui implique que l’essentiel de la vie féminine se déroulerait entre puberté et ménopause, ou qu’une femme sans enfants, même si elle s’est réalisée d’une façon sublimatoire réussie dans sa vie professionnelle, et même si sa vie sexuelle est satisfaisante, sentira forcément qu’elle a gâché une part essentielle d’elle-même. En revanche le désir de paternité serait, lui, psychologique et non pas lié à la génitalité comme l’est le désir de maternité pour les femmes. On voit donc qu’à l’époque de son livre, début des années 50, ML est enserrée dans un faisceau de préjugés naturalistes, biologisants et idéologiques sur la féminité qui, bien évidemment, ne peuvent qu’infléchir sa pratique clinique dans le même sens. On peut encore souligner, pour preuve de son évolution, qu’elle est revenue sur la question de l’instinct maternel pour affirmer, 20 ans après, qu’elle n’y croyait plus et que, dans son livre, elle avait succombé à une idéalisation de la maternité[3]. De la même façon, elle reniera aussi plus tard les propos de son livre selon lesquels la frigidité serait intrinsèquement liée à la maternité, en disant qu’elle était alors en proie à l’idéologie selon laquelle il faudrait payer le plaisir féminin avec la maternité (p. 32) : « La femme qui renonce à la maternité ne sera généralement ni heureuse ni capable d’éprouver une pleine jouissance sexuelle (p. 220) », écrivait-elle en effet en 1951.

Dans le chapitre sur la stérilité, on retrouve ces préjugés naturalistes, qui font de la « nature » une norme voire un dogme, et qui la ligotent comme psychanalyste. Au fond, dans ce chapitre, les filles fabriquent leur future stérilité à cause de leur conflit infantile avec leur mère. Elles souffrent de leur culpabilité, liée à une triple faute, montrée à propos d’un cas paradigmatique (p. 297-9) : faute 1, la haine de la mère (qui du coup empêche fantasmatiquement la grossesse par rétorsion de la mère) ; faute 2, l’insatiabilité infantile sexuelle, orale puis génitale ; faute 3, la fixation homosexuelle à la mère. Il y a deux types de femmes stériles, les infantiles et les viriles, les secondes qui se défendent par la virilité contre leur fixation infantiles à leur mère, en l’absence d’un père fort qui les en séparerait. Voici le genre de déduction clinique de la stérilité faite par ML à propos d’un cas décrit par l’un de ses collègues : « Lorsqu’elle eut ses premières règles, A. N. les accepta comme le signe qu’elle avait expié ses agressions infantiles contre la mère. Elle aurait pu alors renoncer à sa défense virile, parce que, étant l’égale de sa mère et des autres femmes, elle n’avait plus besoin d’envier à son père et à ses frères la possession du pénis. Elle savait que plus tard, elle jouirait des gratifications de son sexe. Mais la grossesse accidentée de la mère fit surgir de nouveau en elle son sentiment de culpabilité et les peurs consécutives. Elle se punit par le biais de sa péritonite et se réfugia une fois de plus dans sa défense virile… C’est pourquoi elle devint stérile. » (p. 328). On appréciera le raccourci. La thèse de ML est tout de même plus précise que celle d’un simple conflit avec la mère, qui paraîtrait sous-déterminée puisque, en théorie kleinienne, on retrouve ce conflit chez toutes les femmes sans qu’elles soient toutes stériles. ML rajoute donc comme cause déclenchante de la future stérilité un trauma survenant sur fond de haine : au moment où la petite fille hait sa mère, un événement tragique (mort de la mère ou d’un frère, ou le fait que la petite fille elle-même contracte une maladie, etc.) lui démontre la toute puissance de sa haine, dont elle doit ensuite se punir par la stérilité. Cette déduction est inquiétante. Même s’il n’est pas niable que la stérilité ait parfois des causes obscures, et même s’il est incontestable qu’une psychanalyse puisse avoir des effets réels sur la fécondité, tout cela reste encore aujourd’hui suffisamment opaque pour nous inciter à la prudence et à ne pas surinterpréter les triomphes de la psychanalyse en ce domaine.

Mais la meilleure preuve de la violence idéologique qui s’exerce sur l’analyste (et donc, hélas, aussi sur ses patientes) lorsque ML profère ces thèses est la conclusion suivante : Souvent, dit-elle, les femmes stériles ont cherché à éviter d’être enceinte au début de leur mariage. Alors le gynécologue leur dit souvent : « ‘C’est ce qui arrive quand on veut aller contre la nature. Celle-ci ne permet pas qu’on joue avec elle, et maintenant elle se venge.’ Généralement, la femme accepte, soumise, cette explication ; nous pouvons l’accepter nous-aussi, après l’avoir débarrassée, à l’aide d’une interprétation, de son sens mystique apparent. Si nous remplaçons le mot ‘nature’ par celui de ‘mère’ (équation symbolique qui nous est connue grâce à divers matériels), nous comprenons que tant le gynécologue que la femme ont compris le problème instinctivement. La femme stérile comprend qu’elle ne peut pas avoir d’enfants parce qu’elle s’est révoltée contre sa mère. … ; maintenant celle-ci se venge… » (p. 330). Ce passage est intéressant car il nous montre la faille du raisonnement : ML voit bien l’énormité de ce que dit le gynécologue, qu’elle qualifie de « mystique », mais en fait, elle ne fait que la redoubler en élevant, au nom de la mère, « la nature » à être la norme indépassable à laquelle toute femme doit se soumettre : la femme est faite pour enfanter, c’est son destin biologique auquel elle doit se soumettre. Et la psychanalyse l’y aidera. Ce passage ne nous montre-t-il pas la consistance culpabilisante donnée par ce genre d’interprétation psychanalytique aux fantasmes de la patiente, qui doit se soumettre et tenter d’expier sa faute en analyse si elle veut espérer redevenir féconde ? Expier la faute de ne pas avoir voulu d’enfant au départ ? Une idée dont nous nous croyons bien loin maintenant, après ladite révolution sexuelle des années 70. Mais, en fait, cette idéologie qui nous assène comme une évidence, au nom du symbolique, l’équation « mère = nature », et qui enjoint à l’inconscient féminin de se résigner à une soi-disant nature éternelle féminine faite de passivité sexuelle et de soumission à l’instinct de procréation, l’avons-nous vraiment dépassée ? On pourrait en douter quand on entend les arguments véhéments, soi-disant basés sur la théorie analytique[4], de certains psychanalystes contre la PMA, le recours à un tiers donneur ou à la GPA. Ne s’agit-il pas toujours, au fond de ces affirmations péremptoires, d’ériger la « nature » en norme légale et sociale, et de ce fait de transformer la différence ou l’inégalité biologique en réalité juridique indépassable (que ce soit au nom d’une loi symbolique ou psychanalytique qui ne fait qu’entériner des structures sociales existantes pourtant déjà obsolètes ou que ce soit au nom du réel biologique). Et il ne faut pas se leurrer, ces psychanalystes ne sont pas « neutres » dans leur pratique, et, dans la cure, ils redoublent inévitablement le fardeau de leurs patient(e)s avec le poids de leur préjugés et croyances réactionnaires.

Le changement frappant de position de ML entre les années 50 et 70 est donc une incitation à réfléchir à nos postures idéologiques inconscientes. Elle nous montre, de façon exemplaire, comment une psychanalyste engagée a pu modifier ses croyances et les critiquer afin de changer sa pratique. Dans son article de 1973, « la femme, ses limitations, ses potentialités », qui figure dans l’ouvrage français, elle critique l’idéologie implicite des interprétations psychanalytiques faites à l’hôpital à des femmes de classe moyenne ou pauvre qui souffrent d’états dépressifs (p. 480 sq). Ces femmes avaient souvent été obligées de laisser leur travail pour garder leurs enfants, maintenant devenus grands. ML cite les interprétations que leur font de jeunes psychologues qu’elle supervise et qui leur « disent ce que j’aurais dit jadis », note-t-elle. A une femme jeune qui veut étudier la médecine pour éviter d’avoir la vie misérable de sa mère, on interprètera ainsi qu’« elle veut dépasser sa mère », soit une interprétation culpabilisante : « Bien souvent on interprète de façon culpabilisante à cause de la contamination idéologique inconsciente dont souffre notre outil », commente ML (note p. 484).

Lorsque la même jeune femme, qui est mécontente d’être enceinte, continue de se plaindre, on lui interprètera qu’« elle est en rivalité avec son mari ». Le mari travaille et étudie et elle aussi, mais elle devra bientôt arrêter à cause de la naissance de l’enfant. Mais en quoi serait-ce mal, d’être en rivalité avec son mari et de vouloir poursuivre ses études au-delà de sa mère ?, commente encore ML. Aux deux interprétations culpabilisantes, la première œdipienne (le dépassement de la mère) et l’autre phallique (rivalité avec le mari), qui conduiraient la patiente à devenir une femme « féminine », mais au foyer et soumise, ML oppose alors une autre sorte d’interprétation. Certes la jeune femme a le droit de revendiquer plus que sa mère et autant que son mari mais, pour y arriver, il y a deux voies, dit-elle : « lutter seulement pour y arriver seule ou lutter, en même temps, pour que tout le monde y arrive et pour que la vie ne soit plus misérable » (p. 485). On voit donc que ML est arrivée à critiquer et à dépasser son kleinisme  grâce à ses convictions politiques socialistes.

Sauf qu’on pourrait lui objecter alors qu’une idéologie en a peut-être remplacé une autre : est-ce à l’analyste de suggérer à la patiente des voies concrètes pour s’en sortir ? Ne serait-il pas plutôt du ressort de la psychanalyse de l’écouter pour lui permettre de déchiffrer ce qui l’en empêche et de trouver ses propres solutions ?

En conclusion, je dirai que l’un des mérites du parcours et de l’œuvre de ML, une femme éminente de la psychanalyse du 20ème siècle, est d’avoir été capable de mettre en évidences sans les censurer ces contradictions qui montrent que l’analyste risque toujours d’être pris au piège des idéologies qu’il professe par ailleurs, qu’elles soient doctrinales ou politiques. Je renverrai ici au « désir de l’analyste » chez Lacan, une notion certes complexe mais qui cherche à résoudre positivement ce problème. ML montre aussi quelles conséquences catastrophiques engendre l’idéologie naturaliste de la sexuation, de la procréation et de la filiation, idéologie absente, là encore, de la psychanalyse lacanienne et même de Freud, si on le lit de près.

exposé au colloque de l'Association franco-argentine de psychiatrie le 6 décembre 2014


[1] Cf. M. Langer, Autobiografia, Notas autobiográficas escritas en 1978 a pedido del editor norteamericano Philip L. Emmite. Fuente:
http://members.xoom.com/_XOOM/roalvare/lanauto.htm. 

[2] M. Langer, « Psicoanálisis y Política: vicisitudes del movimiento psicoanalítico argentino », Presentación en el Ciclo de Conferencias sobre Locura y Sociedad. México, Julio, 1974, cf. http://www.topia.com.ar/articulos/marie-langer-homenaje-cien-años-su-nacimiento

[3] M. Langer, « Maternidad, feminidad y sexo » (1984), Publicado en Página/12, 8 Ago., 2002 Bs. As.

[4] Jamais sur la théorie freudienne d’ailleurs, car Freud n’a jamais donné dans ce travers prosélyte sur la maternité, même s’il croyait que l’amour de la mère pour son fils était le moins ambivalent des amours.

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